Sciences humaines | Le 18 décembre 2024, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : huit minutes.
littérature & sciences humaines
Sciences humaines | Le 18 décembre 2024, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : huit minutes.
Famille de langues vivantes minoritaires
Les créoles à base lexicale française des Petites Antilles (kreyòl) sont un ensemble de langues vivantes minoritaires des régions françaises, de la famille des créoles à base lexicale française. Elles sont parlées dans les Antilles françaises.
Les créoles à base lexicale française des Petites Antilles, aussi appelés créoles antillais (kreyòl) sont un groupe de langues vivantes minoritaires usitées dans les Antilles françaises. Au sein des régions françaises, ces langues connaissent 850 000 locuteurs antillais dans les outre-mer, ainsi qu’environ 450 000 locuteurs en hexagone, courants ou occasionnels. Dans le monde, les langues créoles antillaises comptent aujourd’hui approximativement un million trois cent mille locuteurs.
Sous l’aspect de la classification génétique, les créoles antillais appartiennent à la famille des créoles à base lexicale française. Leur implantation d’origine se situe dans la région des Antilles françaises.
Ces créoles sont des langues SVO, soit à syntaxe sujet-verbe-objet. Selon la typologie morphologique, elles sont des langues agglutinantes, dont la morphologie est caractérisée par l’assemblage de morphèmes, plus petit élément linguistique porteur d’un trait grammatical. Elles possèdent une rythmique syllabique.
Comme l’ensemble des langues créoles, les langues créoles antillaises relèvent essentiellement de la tradition orale (en dehors de rares textes attestés aux xviiie et xixe siècles), et font l’objet d’un bilinguisme hiérarchisé, la langue parlée créole s’opposant à la langue écrite et littéraire (le français). La fin du xxe siècle voit toutefois émerger une véritable littérature de langue créole, sous l’impulsion d’écrivains engagés, le plus souvent en parallèle d’une œuvre en langue française.
Un des premiers textes connus en créole, attribué au conseiller dominguois Duvivier de la Mahautière (1722-apr. 1758), est le poème Lisette quitté la plaine, 1757, plainte sur la mort de l’aimé. Vers la même période, l’attestation puis la description des langues créoles débute avec l’ouvrage de l’administrateur colonial Joachim Melchior Magens (1715-1783) – Grammatica over det creolske sprog (Grammaire de la langue créole, 1770). Plus récemment, l’ouvrage Les créoles, problèmes de genèse et de description, paru en 1996, regroupe divers articles importants du linguiste Guy Hazaël-Massieux (1936-1993), spécialiste des créoles et en particulier du créole guadeloupéen. Parmi les auteurs importants de la littérature créole antillaise, les écrivains Patrick Chamoiseau (né en 1953), Raphaël Confiant (né en 1951) et l’écrivain et linguiste Jean Bernabé (1942-2017) sont tous trois les auteurs d’un Éloge de la créolité (1989) et de Lettres créoles (1991).
Les langues créoles font partie du patrimoine national.
Loi du 27 mai 2009 pour le développement économique des outre-mer, art. 73.
En France, la Constitution de 1958 dispose du français en tant que « langue de la République » (art. 2 modifié en juin 1992), ce qui exclut l’existence de droits-créances pour l’utilisation d’une langue autre que le français. Ce recours à des langues minoritaires telles que les créoles est toutefois l’objet d’une attention dans le droit français, avec la reconnaissance de leur valeur patrimoniale par l’article 75-1 de la Constitution introduit en 2008.
L’enseignement des langues créoles des Petites Antilles est actuellement réglementé dans l’arrêté du 12 mars 2004 relatif aux épreuves du baccalauréat général. Au reste, les langues créoles sont l’objet d’un dispositif légal depuis 1983, qui leur permet d’être présentées en épreuve au concours d’instituteur. Depuis 2004, les créoles antillais peuvent également donner lieu à une épreuve facultative au baccalauréat.
Plus généralement, en tant que langues régionales des territoires français, leur enseignement a pour cadre législatif le Code de l’éducation (art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11), le Code rural (L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129) et le Code de la consommation (L. 121-33). Ces langues sont enseignées au sein des académies d’Aix-Marseille et des Antilles-Guyane. Leur présence dans la sphère publique, la presse et les médias est normée par la loi no 94-665 relative à l’emploi de la langue française complétée de la loi no 2009-594 du 27 mai 2009.
Aujourd’hui menacés d’extinction, les créoles antillais à base lexicale française sont également cités dans l’édition 2010 de l’Atlas des langues en danger dans le monde, publié par l’UNESCO.
Au nombre des organismes qui promeuvent ces créoles actuellement, se trouvent le Bureau de la promotion des langues et cultures créoles (Guadeloupe) et le Groupe d’études et de recherches en espace créolophone (GEREC) de l’Université des Antilles (Campus Schœlcher, Martinique).
Raphaël Deuff
Noms français : créoles à base lexicale française des Petites Antilles, créole antillais
Autonyme : kreyòl
Nom anglais : Lesser Antillean French Creole (Kreyol, Marie Galante Creole French, Martiniquan Creole French, Patois, Patwa, Saint Barth Creole French, Saint Barthélemy Creole French)
Statut : famille de langues vivantes minoritaires
Territoires d’implantation : Antilles françaises
Famille linguistique : créoles à base lexicale française
Typologie linguistique : agglutinante, SVO, syllabique
Notices d’autorité et bibliographiques : less1242 (Glottolog.org), gcf (ISO 639-3). Parent : circ1240 (Glottolog.org)
Portail : Université des Antilles : Groupe d’études et de recherches en espace créolophone (GEREC) (univ-ag.fr)
Ressource : Lesser Antillean French Creole – gcf (iso639-3.sil.org)
Ressource : Lesser Antillean French Creole – less1242 (glottolog.org)
Ressource : Circum-Caribbean French – circ1240 (glottolog.org)
Ressource : OLAC resources in and about the Guadeloupean Creole French language (language-archives.org)
Ressources bibliographiques
Bernard Cerquiglini, Les Langues de France. Rapport au ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie et à la ministre de la Culture et de la Communication, 1er avril 1999. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Christos Clairis, Denis Costaouec et Jean-Baptiste Coyos (dir.), Langues et cultures régionales de France, Paris, L’Harmattan, 2000.
Henri Giordan (dir.), Les minorités en Europe. Droits linguistiques et droits de l’homme, Paris, Kimé, 1992. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Henri Giordan, Démocratie culturelle et droit à la différence. Rapport présenté à Jack Lang, ministre de la Culture, Paris, La Documentation française, 1982. Notice en ligne (catalogue.bnf.fr).
Henri Giordan et al., « Les langues de France », Tribune internationale des langues vivantes, Paris, 2000.
Wolfgang Jenniges (éd.), Select Bibliography on minority languages in the European Union / Bibliographie sélective des langues minoritaires de l’Union européenne, Bruxelles, Bureau européen pour les langues moins répandues, 1997. Notice en ligne (europeansources.info).
Benoît Paumier et al., Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, rapport présenté à la ministre de la Culture et de la Communication, 17 juillet 2013. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Bernard Poignant, Langues et cultures régionales. Rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française, 1998. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Jean Sibille, Les Langues régionales, Paris, Flammarion, coll. « Dominos », 2000.
Geneviève Vermès (dir.), Vingt-cinq communautés linguistiques de la France (2 vol.), Paris, L’Harmattan, 1988. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Texte de référence : Constitution du 4 octobre 1958 (legifrance.gouv.fr), art. 2 et 75-1
Enseignement
Texte de référence : Code de l’éducation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11, ainsi que L. 214-17 et L. 251-1 à L. 251-21
Texte de référence : Code rural (legifrance.gouv.fr), art. L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129
Texte de référence : Code de la consommation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-33
Texte de référence : Code général des collectivités territoriales (legifrance.gouv.fr), L. 4433-25 et L. 4433-26
Texte de référence : Arrêté du 12 mars 2004 modifiant l’arrêté du 15 septembre 1993 modifié relatif aux épreuves du baccalauréat général à compter de la session 1995 (legifrance.gouv.fr)
Médias et sphère publique
Texte de référence : Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française (legifrance.gouv.fr), dite « loi Toubon »
Texte de référence : Loi 2009-594 du 27 mai 2009 pour le développement économique des outre-mer (legifrance.gouv.fr), art. 73
Entités nommées fréquentes : Antilles, Petites Antilles, Code, Lesser Antillean French Creole, Paris, Giordan, Les, France, Culture, Constitution.
Sciences humaines | Le 22 décembre 2024, par Raphaël Deuff.
Le saramaka (saamaka) est une langue régionale des régions françaises. Elle est parlée en Guyane.
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