Sciences humaines | Le 3 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : huit minutes.
littérature & sciences humaines
Sciences humaines | Le 3 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : huit minutes.
Langue vivante minoritaire non territoriale
Le yiddish occidental (jüdish-deutsch) est une langue vivante minoritaire non territoriale, présente en France, et qui se rattache à la famille des langues indo-européennes. Elle est parlée en Europe et au sein d’une partie de la diaspora juive ashkénaze.
Le yiddish occidental, ou judéo-allemand (jüdish-deutsch) est une langue vivante régionale employée en Europe et dans la diaspora juive ashkénaze. Au sein des territoires français, la langue compte approximativement 100 000 locuteurs, courants ou occasionnels. Tous pays confondus, le yiddish occidental compte approximativement trois millions de locuteurs de nos jours. C’est la langue historique des communautés juives ashkénazes d’Europe de l’est.
Selon la généalogie des langues, la langue yiddish occidentale appartient au groupe des dialectes yiddish, au sein de la famille des langues indo-européennes. Cette langue se forme historiquement en une entité linguistique dans la région de l’Europe centrale et orientale.
Selon la typologie morphologique, il s’agit d’une langue flexionnelle (à formes fléchies). Elle possède une syntaxe à verbe second.
Formé au xie siècle, le yiddish possède une riche littérature qui remonte au moins à la Renaissance et à des écrits en vieux yiddish du xvie siècle. La plus ancienne inscription connue de langue yiddish est datée de la fin du xiiie siècle ; il s’agit d’un fragment de prière. Au xvie siècle, le savant Élie Lévita (1469-1549) est l’auteur du Bovo-Bukh (1541), un roman de chevalerie écrit en vieux yiddish. Autre grande œuvre de la littérature yiddish ancienne, le Mayse-bukh (« livre d’histoires »), publié pour la première fois à Bâle en 1602, forme un recueil de récits populaires, qui puise en grande partie dans le fonds narratif aggadique. La littérature yiddish atteindra son apogée en Europe de l’est entre la seconde moitié du xixe siècle et le début du deuxième conflit mondial.
Les écrivains russes Mendele Mokher Seforim (alias Sholem Yankev Abramovitch, 1836-1917) et Sholem Aleikhem (Cholem Naoumovitch Rabinovitch, 1859-1916), et l’écrivain polonais Isaac Leib Peretz (1852-1915) sont reconnus comme les fondateurs de la littérature yiddish moderne, à compter des années 1860. Dans la première moitié du xxe siècle, naissent trois foyers majeurs, incarnés aux États-Unis par Sholem Ash (1880-1957) ou par le prix Nobel en 1978 Isaac Bashevis Singer (1903-1991), en Union soviétique par David Bergelson (1884-1952), Der Nister (Pinkhas Mendelevitch Kaganovitch, 1884-1950) et Peretz Markish (1942-1952) et en Pologne par des auteurs comme Zusman Segalovitch (1884-1949) ou par l’écrivain d’origine autrichienne Itzik Manger (1901-1969).
L’écriture de la langue yiddish occidentale utilise l’alphabet hébreu.
Parmi les chercheurs ayant contribué à l’étude du yiddish, on peut mentionner le linguiste américain Neil G. Jacobs (Yiddish. A linguistic introduction, 2005), l’Allemande Gertrud Reershemius – La langue des Juifs d’Aurich (Die Sprache der Auricher Juden, 2007) -, ou encore le linguiste russe Alexander Beider – L’origine des dialectes yiddish (Origins of Yiddish Dialects, 2015). Le paléographe autrichien Solomon Asher Birnbaum (1891-1989) est également l’auteur d’importantes contributions à la connaissance de la langue (Yiddish, 2008).
Historien de la littérature yiddish et des Juifs ashkénazes, Khone Shmeruk (1921-1997) est à l’origine de publication d’œuvres en yiddish et d’étude sur les textes de langue yiddish (voir son article « Yiddish Literature », Encyclopedia Judaica, 1971). En France, on notera les anthologies dirigées par Charles Dobzynski (Anthologie de la poésie yiddish, 2000) ou Rachel Ertel (Royaumes juifs. Trésors de la littérature yiddish, 2008-2009).
La Constitution de la Ve République dispose, en France, du français en tant que « langue de la République » (art. 2 modifié par la loi constitutionnelle no 92-554 du 25 juin 1992), ce qui prescrit l’usage de la langue française dans la sphère publique et dans l’enseignement. En revanche, cet usage de langues minoritaires telles que la langue yiddish occidentale dans la sphère publique ou les institutions n’est pas interdit, en particulier dès lors que l’intercompréhension est possible. La reconnaissance de leur intérêt comme patrimoine immatériel, par l’article 75-1 de la même Constitution introduit en 2008, a également marqué une étape de leur reconnaissance.
En France, comme langue régionale, ce sont le Code de l’éducation (art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11), le Code de la consommation (L. 121-33) et le Code rural (L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129) qui disposent de l’enseignement de la langue yiddish occidentale. Un enseignement du yiddish est également dispensé à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).
Son emploi dans la presse, les émissions et la sphère publique est essentiellement défini par la loi no 94-665 relative à l’emploi de la langue française.
Dans certains pays d’Europe, cette langue est également protégée au titre de la Charte européenne sur les langues régionales et minoritaires (1992) : en Roumanie et en Slovaquie (II, art. 7), en Bosnie-Herzégovine, en Pologne et en Ukraine (II, art. 7 et III, art. 8-13) de même qu’en Finlande, aux Pays-Bas et en Suède (II, art. 7.5).
Parmi les institutions qui promeuvent la langue yiddish occidentale, sa pratique et son enseignement aujourd’hui, on compte la Maison de la culture yiddish (Paris).
Raphaël Deuff
Noms français : yiddish occidental, judéo-allemand
Autonyme : jüdish-deutsch
Nom anglais : Western Yiddish
Statut : langue vivante minoritaire non territoriale
Territoires d’implantation : Europe centrale et orientale
Système de transcription : alphabet hébreu
Famille linguistique : langues indo-européennes
Typologie linguistique : V2, flexionnelle, accusative, accentuelle
Notices d’autorité et bibliographiques : west2361 (Glottolog.org), yid (ISO 639-3). Parent : grea1301 (Glottolog.org)
Portail : Maison de la culture yiddish – Paris (yiddishweb.com)
Ressource : Western Yiddish – yid (iso639-3.sil.org)
Ressource : Western Yiddish – west2361 (glottolog.org)
Ressource : Greater East Franconian – grea1301 (glottolog.org)
Ressource : Yiddish (inalco.fr)
Ressource : Les langues juives de diasporas (inalco.fr)
Ressource : OLAC resources in and about the Yiddish language (language-archives.org)
Ressources bibliographiques
Bernard Cerquiglini, Les Langues de France. Rapport au ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie et à la ministre de la Culture et de la Communication, 1er avril 1999. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Christos Clairis, Denis Costaouec et Jean-Baptiste Coyos (dir.), Langues et cultures régionales de France, Paris, L’Harmattan, 2000.
Henri Giordan (dir.), Les minorités en Europe. Droits linguistiques et droits de l’homme, Paris, Kimé, 1992. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Henri Giordan, Démocratie culturelle et droit à la différence. Rapport présenté à Jack Lang, ministre de la Culture, Paris, La Documentation française, 1982. Notice en ligne (catalogue.bnf.fr).
Henri Giordan et al., « Les langues de France », Tribune internationale des langues vivantes, Paris, 2000.
Wolfgang Jenniges (éd.), Select Bibliography on minority languages in the European Union / Bibliographie sélective des langues minoritaires de l’Union européenne, Bruxelles, Bureau européen pour les langues moins répandues, 1997. Notice en ligne (europeansources.info).
Benoît Paumier et al., Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, rapport présenté à la ministre de la Culture et de la Communication, 17 juillet 2013. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Bernard Poignant, Langues et cultures régionales. Rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française, 1998. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Jean Sibille, Les Langues régionales, Paris, Flammarion, coll. « Dominos », 2000.
Geneviève Vermès (dir.), Vingt-cinq communautés linguistiques de la France (2 vol.), Paris, L’Harmattan, 1988. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Texte de référence : Constitution du 4 octobre 1958 (legifrance.gouv.fr), art. 2 et 75-1
Enseignement
Texte de référence : Code de l’éducation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11
Texte de référence : Code rural (legifrance.gouv.fr), art. L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129
Texte de référence : Code de la consommation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-33
Médias et sphère publique
Texte de référence : Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française (legifrance.gouv.fr), dite « loi Toubon »
Entités nommées fréquentes : Europe, France, Code, II, Western Yiddish, Yiddish, Paris, Giordan, Les, Culture, Constitution.
Technologie | Le 3 avril 2025, par Raphaël Deuff.
Technologie | Le 2 avril 2025, par Sambuc éditeur.
Rechercher un article dans l’encyclopédie...