« Le Verre, matériau d'exception »

Johann Kunckel

Chimiste et verrier allemand, xvii^e siècle

Fils de pharmacien et alchimiste, inventeur ou redécouvreur de procédés chimiques, comme celui permettant d’isoler le phosphore, Johann Kunckel est aujourd’hui connu pour ses créations de pièces de verres à la teinte rouge rubis, colorées à l’aide d’un procédé à l’or et à l’étain. Protégé par Frédéric-Guillaume de Brandebourg qui le dote d’un laboratoire secret à Berlin, il rejoindra ensuite la Suède, où Charles XI le crée conseiller des mines et l’anoblit.

Né en 1630 à Hutten en Allemagne, Johann Kunckel se passionne pour l’alchimie et découvre un procédé de fabrication du phosphore. Après avoir été l’alchimiste de Jean-Georges II à Dresde, il est appelé par l’électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume pour la fabrication de verreries, pour laquelle il redécouvre un procédé à l’or qui donne au verre une teinte rouge rubis.

Suite à la mort de son protecteur Frédéric-Guillaume, attiré en Suède en 1693 par le roi Charles XI, il est créé conseiller des mines et anobli. Il meurt en 1702 à Stockholm.

L’art verrier de Johann Kunckel

La teinte rouge transparente produite dans la masse du verre grâce à la présence d’or en très faible pourcentage (23-284 ppm) possède une luminosité particulière et une coloration proche du rubis.

On n’attribue aujourd’hui à Kunckel que vingt-deux pièces de verre rouge produites durant la période 1684-1688.

Leur style, qui se rattache à celui de la verrerie berlinoise de l’époque, est directement inspiré de l’art lapidaire : les formes sont mises en valeur par la taille, le jeu des facettes, et elles présentent des détails géométriques soulignés par le polissage.

Chronologie

1630. — Naissance de Johann Kunckel, cette année-là ou en 1638, à Hutten près de Rendsburg dans le nord de l’Allemagne. Son père est alchimiste et maître-verrier à la cour de Holstein. Le jeune homme s’intéresse à la pharmacie et à la chimie.

1659. — Kunckel est nommé alchimiste et pharmacien à la cour du duc de Saxe-Lauenbourg. Il voyage probablement durant ces années, notamment à Venise et à Murano, où il apprend des procédés de fabrication du verre.

1669. — Le verrier et alchimiste Hennig Brand (1630–1710) découvre un procédé permettant d’isoler le phosphore. Kunckel redécouvrira ce procédé quelques années plus tard.

1670. — Autour de cette date, le prince-électeur Jean-Georges II de Saxe invite Kunckel à sa cour de Dresde et le nomme « chimiste de notre laboratoire secret ». Le salaire promis (1000 thalers par an), considérable, laisse supposer que Jean-Georges II voyait avant tout en Kunckel un faiseur d’or.

1674. — Johann Kunckel retrouve le procédé de fabrication du phosphore.

1676. — Parution à Hambourg des Expériences sur les sels fixes et volatils (Nützliche Observationes oder Anmerkung Von den fixen und volüchtigen Salzen, Auro und Argento potabili, etc.). Le 30 mai, Kunckel s’inscrit à l’université de Wittenberg, où il reste deux ans.

1677. — Parution des Principes chimiques (Von den Principiis Chymicis, Salibus Acidis und Alcalibus, Fixis und Volatilibus, etc.). Quitte le laboratoire royal de Dresde, et donne des cours de chimie à Annaberg et Wittenberg.

1678. — Le 2 août, Johann Kunckel est nommé par le prince électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume à la tête de la verrerie royale de Potsdam, installée à Drewitz (actuelle Möckern). Fait paraître une Lettre sur le phosphore (Öffentliche Zuschrift von dem Phosphor Mirabil). La même année paraît à Londres une traduction latine, par Charles Alois Ramsay, des Expériences sur les sels fixes et volatils et des Principes chimiques.

1679. — Publication de l’Art expérimental de la verrerie (Ars Vitraria Experimentalis), traduction allemande de l’ouvrage de Neri et de Merrett, auquel Kunckel ajoute de nombreuses notes et remarques. Il y indique en particulier que la coloration du verre en rouge transparent grâce à l’or nécessite « quelque chose de plus pour que l’or donne au cristal sa couleur, et pour qu’il le change en rubis ». Il s’agit du chlorure d’étain, utilisé dès 1659 par Johann Rudolph Glauber qui en avait publié la méthode. Ce procédé prendra après 1685 (De Auro) le nom de « pourpre de Cassius », du nom d’Andreas Cassius (1605-1673).

1684. — Johann Kunckel parvient à produire ses premiers verres rouge rubis à l’or en l’associant à l’étain (seize ans plus tôt, Perrot avait inventé une autre recette employant l’arsenic).

1685. — Afin d’expérimenter des procédés de coloration à l’or, Frédéric-Guillaume lui installe un laboratoire sur l’île aux Paons à Berlin. L’acte de donation du 27 octobre lui cède « à titre héréditaire et propre » toute l’île, le libère lui et ses collaborateurs de toutes les taxes et de tous les services, leur permet de brasser, de cuire et de distiller de l’eau-de-vie, et de construire un moulin à vent pour pouvoir broyer et moudre, de sorte que ses hommes n’aient pas besoin de quitter l’île.

1688. — Mort du prince Frédéric-Guillaume, protecteur de Kunckel.

1693. — Attiré en Suède par Charles XI, Kunckel est nommé conseiller royal des mines, puis anobli sous le nom de Johann Kunckel von Löwenstern.

1703. — Il meurt au cours d’un voyage, près de Stockholm, le 20 mars 1703.

Sambuc éditeur

Consulter des œuvres de Johann Kunckel

1678-1688 : Gobelet en verre bleu (stadtmuseum.de)

1678-1688 : Flacon en verre bleu avec monture en laiton (stadtmuseum.de)

1679-1693 : Théière en verre rubis doré (stadtmuseum.de)

1680-1688 : Tabatière en verre rubis doré (stadtmuseum.de)

1680-1688 : Paire de calottes avec soucoupes en verre rubis doré (museum-digital.de)

1680-1720 : Petite coupelle avec soucoupe en verre rubis doré (museum-digital.de)

1680-1710 : Bouteille carrée en verre rubis doré (museum-digital.de)

Entités nommées fréquentes : Johann Kunckel, Jean-Georges, Kunckel, Dresde, Frédéric-Guillaume, Suède, Charles XI.