Littérature | Le 21 septembre 2024, par Armand Guillaumond. Temps de lecture : dix minutes.
littérature & sciences humaines
Littérature | Le 21 septembre 2024, par Armand Guillaumond. Temps de lecture : dix minutes.
Écrivain français de l’école naturaliste, XIXe siècle
Indissociable de l’école romanesque du naturalisme, dont il devient le chef de file après le large succès de L’Assomoir, Émile Zola est l’auteur d’une œuvre ample et nourrie de réel, fortement structurée et planifiée, qui se donne pour projet de peindre avec une rigueur scientifique le quotidien et les mœurs sociales de son époque. Le cycle des Rougon-Macquart, suite d’une vingtaine de romans qui forme le grand œuvre de l’écrivain, se veut ainsi l’« histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ». Saisissant le peuple tel qu’il est, et plongeant dans les faits d’une époque pour en tirer leur matière narrative, les romans des Rougon-Macquart installent rapidement l’écrivain sur la scène littéraire, comme figure centrale d’une nouvelle école romanesque. Forte de détails sordides et de descriptions brutales des réalités du xixe siècle, restituées avec une précision médicale, l’œuvre d’Émile Zola choqua toutefois ses contemporains, et le maître comme son école furent ainsi violemment dénigrés par les opposants au réalisme naturaliste. Marquée par une conception politique attachée à l’idée de justice sociale, l’activité d’écriture de Zola, qui débute avec le journalisme, connaît un point d’orgue à la fin de sa vie avec sa prise de position dans l’affaire Dreyfus.
Celui qui deviendra chef de file de l’esthétique naturaliste, reconnu grâce au vaste cycle romanesque des Rougon-Macquart, sera d’abord journaliste, dans un premier temps comme chroniqueur de colonnes littéraires et artistiques, avant de retranscrire l’actualité politique française et les discussions parlementaires suite aux lois de libéralisation de la presse (1868). En 1865, Émile Zola publie son premier roman, La Confession de Claude, après un recueil de contes, les Contes à Ninon, auquel il donnera une suite dix ans plus tard.
Après Thérèse Raquin (1867), qui ébauche l’esthétique du naturalisme naissant, Zola fait paraître en 1871 les deux premiers volumes des Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon et La Curée : l’immense succès du septième volume, L’Assommoir, qui paraîtra six ans plus tard, assoit véritablement la situation de l’écrivain ; les livres de Zola (Nana, 1882 ; Au bonheur des dames, 1883 ; Germinal, 1885 ; etc.) connaîtront alors d’assez forts tirages, qui lui assurent des finances confortables et lui permettent d’abandonner la presse pour se consacrer à son œuvre romanesque.
À la fin de sa vie, alors qu’éclate l’affaire Dreyfus, Zola se penche sur cette condamnation et ses irrégularités judiciaires : l’écrivain reprend alors sa plume de journaliste, et se lance dans une bataille qui lui imposera l’exil jusqu’à la révision du procès, qui s’ouvre en août 1899. Après la nouvelle condamnation de l’officier, Zola poursuivra jusqu’à sa mort le combat pour obtenir l’acquittement et la réhabilitation de l’innocent.
Après les Rougon-Macquart, l’écrivain se lance dans deux autres cycles romanesques : les Trois Villes (Lourdes, 1894 ; Rome, 1896 ; Paris, 1898), puis les Quatre Évangiles, inachevés (Fécondité, 1899 ; Travail, 1901 ; Vérité, 1903 ; notes pour Justice).
De retour de sa maison de Médan en septembre 1902, Émile Zola meurt asphyxié dans son appartement parisien, dans la nuit du 28 au 29 septembre.
1840. — Naissance à Paris, le 2 avril, d’Émile Édouard Charles Antoine Zola. Son père, François Zola, est ingénieur d’origine vénitienne ; sa mère, Émilie Aubert, est native de Dourdan (Essonne). À sa naissance, Émile Zola a la nationalité italienne.
1843. — François Zola obtient un contrat pour la construction d’un système d’amenée d’eau potable à Aix-en-Provence : la famille s’installe dans la ville de Provence, où Zola fait ses premières études.
1847. — Mort de François Zola, de pneumonie, après avoir dirigé les travaux de construction du barrage Zola dans les gorges de l’Infernet. Émile regagne Paris avec sa mère.
1858. — Émile Zola entre au Lycée Saint-Louis.
1859. — Échecs au baccalauréat scientifique.
1860. — En avril, grâce à l’avocat au Conseil d’État Alexandre Labot, ancien ami de son père, Zola est embauché comme greffier au bureau des douanes. Il démissionne après deux mois de travail, et connaît une période de difficultés financières.
1862. — Il entre au service de paquetage de la Librairie Hachette, grâce à l’appui de Félix Boudet (1806-1878), membre de l’Académie de médecine. L’année suivante, il est nommé chef de la publicité, et tiendra ce poste jusqu’en 1866.
1863. — Débute une collaboration, d’abord occasionnelle, aux rubriques de critique artistique et littéraire de plusieurs journaux.
1864. — Zola fait publier son premier livre, le recueil des Contes à Ninon, chez l’éditeur Hetzel. La même année, il fait la connaissance d’Éléonore-Alexandrine Meley, sa future épouse.
1865. — Parution de son premier roman, La Confession de Claude. Zola quitte le logis maternel et s’installe avec Alexandrine Meley dans le quartier des Batignolles, où se trouvent les bureaux des grands éditeurs de presse.
1866. — Quittant son poste à la Librairie Hachette pour vivre de sa plume, Zola s’affirme comme critique d’art, et prend la défense de l’impressionnisme. Publication du roman Le Vœu d’une morte. Dans ses chroniques, Zola fait l’éloge des frères Goncourt et de Taine, ainsi que des peintures de Courbet, Manet, Sisley, Pissarro et Monet.
1867. — Publication de Thérèse Raquin, qui marque une première élaboration de l’esthétique naturaliste (formalisée dans la Préface à la seconde édition, 1868), et des Mystères de Marseille.
1868. — Libéralisation de la presse (loi du 11 mai 1868 supprimant l’autorisation préalable et les avertissements). Zola entame une série de chroniques dans des journaux républicains, mêlant la peinture des mœurs de l’époque et la polémique politique. Se lie avec les frères Goncourt.
1870. — Le 31 mai, Zola épouse Alexandrine Meley à Paris (XVIIe). Le 19 juillet, la France déclare la guerre au royaume de Prusse ; Zola n’est pas mobilisé. En septembre, le couple part s’installer à Marseille.
1871. — Début du travail sur le cycle des Rougon-Macquart, qui occupera Zola pendant un quart de siècle ; publication de La Fortune des Rougon et de La Curée. L’écrivain débute aussi en février une chronique parlementaire pour les journaux La Cloche et Le Sémaphore de Marseille qu’il poursuivra jusqu’en août 1872, publiant plus de deux cents articles (« La République en marche »). Rencontre avec Gustave Flaubert. En mars, le couple regagne Paris après un séjour à Bordeaux, mais ne se trouve pas dans la capitale quand éclate la Semaine sanglante de mai 1870.
1874. — Publication des Nouveaux Contes à Ninon.
1877. — Publication de L’Assommoir, immense succès de librairie qui assure à Zola et à son épouse une sécurité financière.
1878. — Zola acquiert une maison de campagne à Médan, dans les Yvelines, où se tiennent bientôt les soirées de Médan ; les écrivains Joris-Karl Huysmans, Paul Alexis, Marius Roux, Léon Hennique, Henri Céard et Guy de Maupassant, qui forment l’entourage proche de Zola, en seront les convives assidus. Publication, l’année suivante, de La République et la littérature.
1880. — Publication du Roman expérimental, qui théorise l’esthétique naturaliste, et des Romanciers naturalistes, Documents littéraires et Une campagne l’année suivante : ces volumes rassemblent les chroniques sur le théâtre et la littérature publiées par Zola dans Le Bien public, Le Voltaire et Le Figaro. La publication régulière des volumes des Rougon-Macquart lui permet d’abandonner l’année suivante son activité de journaliste. Le 17 octobre 1880, mort de la mère de l’écrivain, Émilie Aubert, à Médan.
1882. — Publication de Pot-Bouille.
1883. — Au bonheur des dames.
1885. — Germinal.
1886. — Publication de L’Œuvre. Brouille de l’écrivain avec Paul Cézanne.
1887. — La Terre. Publication du pamphlet Le Manifeste des Cinq, dirigé contre Zola, le 18 août dans Le Figaro.
1888. — Le Rêve. Début de la liaison de Zola avec Jeanne Rozerot, la lingère de sa maison de Médan, avec qui l’écrivain aura deux enfants.
1890. — La Bête humaine.
1891. — L’Argent.
1892. — La Débâcle.
1893. — Publication du Docteur Pascal, dernier volume des Rougon-Macquart. Le 13 juillet, Zola est fait officier de la Légion d’honneur par le Président Raymond Poincaré.
1894. — Publication de Lourdes, qui initie le cycle des Trois Villes (Rome, 1896 ; Paris, 1898)
1897. — Zola s’intéresse à l’affaire Dreyfus, et publie à la fin de l’année une première suite d’articles dans Le Figaro (« Lettre à la France » ; « Lettre à la jeunesse »), défendant l’innocence du capitaine Alfred Dreyfus. En août, dernière candidature de Zola à l’Académie française.
1898. — Publication le 13 janvier, dans le journal L’Aurore, de la lettre ouverte « J’accuse !… » adressée au Président Félix Faure, quarante-huit heures après l’acquittement d’Esterhazy. Condamné pour diffamation, Zola s’exile à Londres du 8 juillet 1898 au 5 juin 1899. Le 26 juillet, Zola est suspendu de l’ordre de la Légion d’honneur.
1899. — Zola débute le cycle des Quatre Évangiles, avec la publication de Fécondité, qui sera suivie de Travail (1901), Vérité (1903, à titre posthume), et restera inachevée (notes pour Justice).
1901. — La Vérité en marche.
1902. — Dans la nuit du 28 au 29 septembre, Émile Zola meurt intoxiqué au monoxyde de carbone dans son appartement parisien, rue de Bruxelles, peut-être des suites d’une malveillance. Son épouse Alexandrine, elle aussi intoxiquée, lui survit. Les obsèques de l’écrivain ont lieu de 5 octobre ; Zola est inhumé au cimetière de Montmartre.
1905. — Don à l’Assistance publique, par sa veuve Alexandrine Zola, de la propriété de Médan qui sera classé monument historique en 1983 (Musée Émile-Zola).
1908. — Le 4 juin, le gouvernement de Georges Clemenceau fait transférer la dépouille de Zola au Panthéon.
Armand Guillaumond
Portail : Maison Zola à Médan (maisonzola-museedreyfus.com)
Publication : Les Cahiers naturalistes (cahiers-naturalistes.com)
Exposition : Émile Zola. Exposition en ligne sur le site de la BnF (expositions.bnf.fr)
Ressources : Photographies d’Émile Zola sur la Plateforme ouverte du patrimoine (pop.culture.gouv.fr)
Notice : Émile Zola, notice d’autorité ISNI (isni.org)
Entités nommées fréquentes : Rougon-Macquart, Émile Zola, Zola, Paris, Ninon, Médan, Dreyfus, Le Figaro, Vérité.
Politique et institutions | Le 14 novembre 2024, par Urbanitas.fr.
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