Sciences humaines | Le 2 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : sept minutes.
littérature & sciences humaines
Sciences humaines | Le 2 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : sept minutes.
Langue vivante minoritaire non territoriale
L’arménien occidental (արեւմտահայերէն, arevmtahayeren) est une langue vivante minoritaire non territoriale de la famille des langues indo-européennes, qui possède des locuteurs dans les régions françaises. Elle est usitée en Europe et au sein de la diaspora arménienne dans_la région de l’Arménie occidentale et la région de Constantinople.
L’arménien occidental, aussi appelé achkharapar (արեւմտահայերէն, arevmtahayeren) est une langue vivante régionale employée en Europe et dans la diaspora arménienne. Dans les territoires français, la langue compte quelque 180 000 locuteurs, courants ou occasionnels. Elle constitue la langue traditionnelle des Arméniens.
Sous l’aspect de la classification généalogique, l’arménien occidental se rattache au groupe arménien au sein de la famille des langues indo-européennes. Cette langue se forme historiquement en une entité linguistique dans l’Arménie occidentale et région de Constantinople.
La langue arménienne occidentale possède une structure syntaxique SOV (sujet-objet-verbe). Selon la typologie morphologique, il s’agit d’une langue agglutinante (sur le plan de la morphologie, elle se caractérise par l’assemblage d’éléments basiques appelés morphèmes).
La littérature arménienne s’élabore à partir du ve siècle, avec la création de l’alphabet arménien par le moine Mesrop Machtots (362-440). Elle mêle un corpus classique – écrit, jusqu’au xixe siècle, majoritairement en grabar (arménien classique) – et une littérature populaire, qui emploie la langue arménienne telle qu’elle a évolué au fil des siècles : moyen arménien (xe s.), puis arménien moderne (asxarabar, xvie siècle). Au xixe siècle, l’écrivain et poète arménien Khatchatour Abovian (1809-1848) est le premier grand auteur à employer la langue moderne dans ses oeuvres.
L’arménien occidental utilise l’alphabet arménien à l’écrit.
Parmi les toutes premières descriptions de la langue arménienne, le missionnaire catholique et orientaliste italien Clemente Galano (1611-1666) publie au xviie siècle les Institutions grammaticales et logiques de la langue littérale arménienne (Grammaticae et logicae institutiones linguae literalis Armenica, 1645). Au début du xixe siècle, l’écrivain et linguiste arménien Jacques Chahan de Cirbied (1772-1837) est l’auteur d’une Grammaire de la langue arménienne (1823). On mentionnera également la grammaire due à l’orientaliste allemand Josef Karst (1871-1962), Grammaite de l’arménien de Cilicie (Grammatik des Kilikisch-Armenischen, 1901), qui concerne plus spécifiquement l’arménien occidental.
Dans l’état de l’art plus récent, on citera le Manuel de langue arménienne – arménien occidental moderne (1969), dû au linguiste français Frédéric Feydit (1908-1991), ainsi qu’un compte-rendu des linguistes Anaid Donabedian-Demopoulos et Anke Al-Bataineh, L’arménien occidental en France. Dynamiques actuelles (2015).
Georges Dumézil a recueilli dans un article, « Trois récits dans le parler des Arméniens musulmans de Hemshin » (Revue des études arméniennes, 1967), des textes écrits en arménien occidental.
Sur les territoires français, la Constitution de la Ve République dispose : « La langue de la République est le français. » (art. 2 modifié en juin 1992), ce qui prescrit l’emploi de la langue française dans la sphère publique et comme langue d’enseignement. En revanche, ce recours à des langues minoritaires comme la langue arménienne occidentale n’est nullement exclu, surtout avec la reconnaissance de leur intérêt comme patrimoine immatériel par la même Constitution en 2008 (art. 75-1).
Comme langue régionale de France, l’enseignement de la langue arménienne occidentale a pour cadre légal général le Code de l’éducation (art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11), le Code rural (L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129) et le Code de la consommation (L. 121-33). Cette langue est également enseignée à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).
L’utilisation de la langue arménienne occidentale dans la sphère publique et dans les médias est l’objet d’une norme depuis la loi no 94-665 relative à l’emploi de la langue française (loi Toubon).
Dans certains pays du continent européen, cette langue est par ailleurs protégée au titre de la Charte européenne sur les langues régionales et minoritaires (1992) : en Roumanie (II, art. 7) ainsi qu’en Pologne (II, art. 7 et III, art. 8-13), à Chypre et en Hongrie (II, art. 7.5).
Raphaël Deuff
Noms français : arménien occidental, achkharapar
Autonyme : արեւմտահայերէն (arevmtahayeren)
Nom anglais : Western Armenian
Statut : langue vivante minoritaire non territoriale
Territoires d’implantation : Arménie occidentale et région de Constantinople
Système de transcription : alphabet arménien
Famille linguistique : langues indo-européennes
Typologie linguistique : agglutinante, SOV
Notices d’autorité et bibliographiques : homs1234 (Glottolog.org), hyw (ISO 639-3). Parent : east2768 (Glottolog.org)
Ressource : Western Armenian – hyw (iso639-3.sil.org)
Ressource : Western Armenian – homs1234 (glottolog.org)
Ressource : Eastern-Western Armenian – east2768 (glottolog.org)
Ressource : Arménien (inalco.fr)
Ressource : OLAC resources in and about the Western Armenian language (language-archives.org)
Ressources bibliographiques
Bernard Cerquiglini, Les Langues de France. Rapport au ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie et à la ministre de la Culture et de la Communication, 1er avril 1999. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Christos Clairis, Denis Costaouec et Jean-Baptiste Coyos (dir.), Langues et cultures régionales de France, Paris, L’Harmattan, 2000.
Henri Giordan (dir.), Les minorités en Europe. Droits linguistiques et droits de l’homme, Paris, Kimé, 1992. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Henri Giordan, Démocratie culturelle et droit à la différence. Rapport présenté à Jack Lang, ministre de la Culture, Paris, La Documentation française, 1982. Notice en ligne (catalogue.bnf.fr).
Henri Giordan et al., « Les langues de France », Tribune internationale des langues vivantes, Paris, 2000.
Wolfgang Jenniges (éd.), Select Bibliography on minority languages in the European Union / Bibliographie sélective des langues minoritaires de l’Union européenne, Bruxelles, Bureau européen pour les langues moins répandues, 1997. Notice en ligne (europeansources.info).
Benoît Paumier et al., Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, rapport présenté à la ministre de la Culture et de la Communication, 17 juillet 2013. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Bernard Poignant, Langues et cultures régionales. Rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française, 1998. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Jean Sibille, Les Langues régionales, Paris, Flammarion, coll. « Dominos », 2000.
Geneviève Vermès (dir.), Vingt-cinq communautés linguistiques de la France (2 vol.), Paris, L’Harmattan, 1988. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Texte de référence : Constitution du 4 octobre 1958 (legifrance.gouv.fr), art. 2 et 75-1
Enseignement
Texte de référence : Code de l’éducation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11
Texte de référence : Code rural (legifrance.gouv.fr), art. L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129
Texte de référence : Code de la consommation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-33
Médias et sphère publique
Texte de référence : Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française (legifrance.gouv.fr), dite « loi Toubon »
Entités nommées fréquentes : Code, II, Arménie, Constantinople, Western Armenian, France, Europe, Paris, Giordan, Culture, Constitution.
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