Actualités culturelles | Le 24 février 2025, par Luc Grampivf. Temps de lecture : huit minutes.

Le Printemps des Poètes 2025 explore le thème de la poésie « volcanique »

Événement littéraire national en France

La 26e édition du Printemps des Poètes se tiendra du 14 au 31 mars 2025 en France et à l’international. Cette manifestation décentralisée célèbre la création poétique contemporaine à travers des milliers d’événements organisés dans divers lieux culturels, éducatifs et publics. L’édition 2025 explore le thème « Volcanique », métaphore de l’énergie créative et de l’effervescence poétique. Le festival national de poésie tourne par ailleurs la page d’une année mouvementée : après une controverse autour de l’écrivain Sylvain Tesson, parrain de l’édition précédente, et le départ de la directrice de l’événement au printemps 2024, quatre nouvelles personnes arrivent à sa tête pour redynamiser l’institution culturelle. Enfin, comme chaque année, les éditions Sambuc publieront un numéro de la revue littéraire L’Eau-forte consacré au thème de l’événement, dans un mélange d’auteurs anciens et de voix contemporaines.

Affiche du Printemps des Poètes 2025 - détail © Sambuc éditeur, 2025

Du 14 au 31 mars 2025, le Printemps des Poètes célébrera sa 26e édition sous le thème de la poésie « volcanique ». Cette manifestation, unique au monde par son ampleur et sa décentralisation, mobilise chaque année des milliers d’acteurs culturels à travers la France et à l’international, dans les régions françaises d’outre-mer, ou francophones comme le Québec.

Le festival encourage professionnels du livre et amateurs de poésie à organiser des événements dans une grande variété de lieux : rues, écoles, librairies, bibliothèques, gares, métros, hôpitaux, centres d’accueil d’urgence et prisons. Cette approche décentralisée permet à la poésie de rayonner dans tous les territoires et de toucher des publics variés.

La poésie. Volcanique est précisément le thème que nous nous proposons d’explorer en votre compagnie tout le long du printemps. Pour dire les volcans en ébullition et les matières rocheuses en fusion, bien entendu. Mais, surtout, l’énergie créative à l’état pur, l’éruption de l’imaginaire, ses coulées de lave, qui changent le mot en vision. Pour dire que la poésie, quand elle jaillit afin de fendre l’horizon et montrer le monde autrement, est effervescence, débordement et, avant tout, force du vivant. Pour dire enfin que l’éruption poétique ne connaît pas de limites.

Édition 2025 : La poésie. Volcanique – printempsdespoetes.com

Le thème choisi pour 2025, « Volcanique », évoque tant les phénomènes géologiques que l’énergie créative de la poésie contemporaine. Il symbolise l’éruption de l’imaginaire et la force transformatrice des mots, capables de modifier notre vision du monde. Cette métaphore souligne également la capacité de la poésie à se déposer dans nos mémoires et à ressurgir, telles des strates de lave qui façonnent notre rapport au langage.

La revue littéraire L’Eau-forte voyage au pays des volcans

Du Vésuve antique aux volcans modernes, la poésie et la littérature ont largement puisé leur inspiration dans les métaphores telluriques ou géologiques. Quand l’Antiquité comparait la Terre à un gigantesque corps, avec sa physiologie propre déclenchant vents, crues ou éruptions, les écrivains romantiques ont fait du corps et de la passion des amants une force naturelle éruptive offrant de mêmes débordements et de mêmes effusions.

Le prochain numéro de la revue littéraire L’Eau-forte fera dialoguer les voix d’hier et d’aujourd’hui autour de cette force primordiale, des volcans et de la Terre. Ce quatorzième numéro de la revue, à paraître début mars 2025, explore à la fois la dimension volcanique de la poésie et la vision des volcans dans l’antiquité, croisant des textes contemporains et des œuvres historiques pour révéler la façon dont les éruptions et les catastrophes naturelles façonnent un rapport au monde.

Les textes rassemblés dans ce numéro de L’Eau-forte explorent le double visage du volcanisme : d’une part, la représentation littéraire des phénomènes volcaniques, spectacle grandiose et force destructrice ; d’autre part, l’analogie entre l’éruption et le processus créatif – effervescence qui fait jaillir les mots et les visions – ou la mémoire, comme on en trouve la métaphore chez Freud, évoquant les strates de lave qui se recouvrent l’une l’autre.

Parmi les auteurs contemporains, la revue accueillera ainsi l’écrivaine Belinda Cannone, romancière, essayiste et maîtresse de conférences, qui a autre autres enseigné la littérature comparée au sein de l’université Caen-Normandie. Karine Josse signera également un texte sur le couple de Katia et Maurice Krafft, vulcanologues rendus célèbres par leur vulgarisation des phénomènes liés aux volcans, et par leur fin tragique.

Des textes de Pline, de Colette ou de Jules Verne accompagneront ces voix d’aujourd’hui, au fil d’un parcours littéraire étoffé d’une iconographie choisie de gravures et de dessins, afin de donner à lire les mentalités changeantes du volcan à travers les âges.

Le Printemps des poètes se renouvelle après une année de controverses

Après une édition 2024 marquée par la polémique autour de Sylvain Tesson et la démission de sa directrice artistique Sophie Nauleau, le Printemps des poètes entame sa reconstruction. Quatre nouvelles personnalités féminines rejoignent le conseil d’administration tandis que le Centre national du livre lance un audit de la structure.

Cette évolution avait fait suite à une vive polémique déclenchée en janvier 2024 par le choix de Sylvain Tesson comme parrain de l’édition de l’an passé.

Une pétition largement relayée dans le monde culturel avait alors dénoncé l’écrivain comme une « icône réactionnaire » et une figure de « l’extrême droite littéraire ». Cette controverse avait conduit à la démission de la directrice artistique Sophie Nauleau, en poste depuis 2018.

Au-delà de ce débat public, l’institution avait fait face à des critiques internes. Une enquête du journal Le Monde avait ainsi révélé le témoignage de huit anciens collaborateurs dénonçant des pratiques de gestion problématiques. Par ailleurs, les liens étroits entre l’événement et les éditions Gallimard avaient été questionnés, notamment concernant les collections « Poésie » et la « Blanche ».

Face à ces polémiques, le Centre national du livre – qui finance la manifestation – avait lancé un audit sur la structure. Dans la foulée, quatre nouvelles personnalités ont rejoint le conseil d’administration : Adeline Baldacchino, écrivaine, poétesse et magistrate, la juriste et ancienne libraire Marie-Claire Pleros, critique d’art et enseignante Paloma Hermina Hidalgo, et Anne Dujin, poétesse et rédactrice en chef de la revue Esprit.

Luc Grampivf