Sciences humaines | Le 6 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : sept minutes.
littérature & sciences humaines
Sciences humaines | Le 6 janvier 2025, par Raphaël Deuff. Temps de lecture : sept minutes.
Langue vivante minoritaire
Le chaoui ou aurésien (tacawit) est une langue vivante minoritaire usitée au sein des régions françaises, qui se rattache au groupe des langues chamito-sémitiques. Elle est parlée en Europe et au Maghreb, dans l’Algérie du massif de l’Aurès.
Le chaoui (tacawit) est une langue vivante régionale parlée en Europe et au Maghreb. En France, la langue connaît 200 000 locuteurs approximativement, courants ou occasionnels. Dans l’ensemble du monde, on compte environ vingt-trois millions de locuteurs pour l’ensemble de la famille des langues berbères aujourd’hui. Elle est la langue historique des Chaouis.
Au sein de la classification généalogique des langues, l’aurésien se rattache au groupe des berbères zénètes de la famille des langues chamito-sémitiques. Cette langue se constitue en une entité linguistique dans l’Algérie du massif de l’Aurès.
Le chaoui est une langue à prédominance SVO (ordre sujet-verbe-objet).
Le chaoui, comme les autres langues berbères, est doté d’un système d’écriture propre, le tifinagh, depuis l’Antiquité (alphabets libyques), mais la littérature en langue berbère est largement restée orale jusqu’à très récemment, et les œuvres composées par les Berbères l’ont été essentiellement dans les langues et les alphabets des peuples ayant colonisé ces régions : Phéniciens puis Romains, Arabes, puis Français.
La langue tacawit possède son propre système d’écriture, l’alphabet berbère : l’alphabet berbère latin, une adaptation de l’alphabet latin, est toutefois le système de transcription le plus utilisé.
Les études berbères occidentales commencent avec les missions scientifiques en Afrique du nord à la fin du xviiie siècle, et des ouvrages ethnographiques d’auteurs comme les Français Bory de Saint-Vincent (1778-1846) et Jean-Raymond Pacho (1794-1829), les Anglais James Grey Jackson (actif au début du xixe siècle), George Francis Lyon (1795-1832) et Dixon Denham (1786-1828), ou les Allemands Johann Martin Augustin Scholz (1794-1852), Friedrich August Ukert (1780-1851) et Menu von Minutoli (1772-1846). Parmi les spécialistes des langues berbères, on mentionnera les travaux francophones du linguiste Salem Chaker – « Le berbère, une langue occultée en exil » (Vingt-cinq communautés linguistiques de la France, 1988) ; Berbères aujourd’hui (1998) ; Textes en linguistique berbère (1994) ; contributions à l’Encyclopédie berbère (dir. Gabriel Camps) – et ceux de Lionel Galand (1920-2017), dont « Berbère » (Les Langues dans le monde ancien et moderne, 1988).
L’avocat Gustave Mercier (1874-1953) est à l’origine d’un grand nombre d’études sur le dialecte berbère des Chaouis de l’Aurès : il publie en particulier Le chaouia de l’Aurès (1896) et Moeurs et traditions de l’Aurès. Cinq textes berbères en dialecte chaouia (1900). Le juriste allemand Adam von Sierakowski (1846-1912) publiait aussi à la fin du xixe siècle une monographie sur l’idiome : Das Schauï: ein Beitrag zur berberischen Sprachen- und Völkerkunde (Le chaoui, 1871).
Le linguiste André Basset (1895-1956) a contribué à ces études linguistiques dans la deuxième moitié du xxe siècle, par la publication de textes en langue chaouie : Textes berbères de l’Aures, parler des Aït Frah (Basset, 1961).
La Constitution de la Ve République dispose, pour la France, du français en tant que « langue de la République » (art. 2 modifié en juin 1992), ce qui exclut que quiconque se puisse prévaloir d’un droit à employer une autre langue que le français. À l’inverse, cet usage de langues minoritaires comme la langue chaouie est possible, par exemple au guichet d’une administration, dès lors que l’intercompréhension est assurée. Enfin, depuis 2008, la Constitution française reconnaît leur importance patrimoniale (art. 75-1).
En tant que langue régionale des territoires français, l’enseignement du chaouïa a pour dispositif normatif global le Code de l’éducation (art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11), le Code de la consommation (L. 121-33) et le Code rural (L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129).
Son usage dans la presse, les médias et dans la sphère publique est essentiellement défini par la loi Toubon (loi no 94-665 du 4 août 1994 sur l’emploi de la langue française).
Dans certains pays d’Europe, cette langue est par ailleurs protégée au titre de la Charte européenne sur les langues régionales et minoritaires (1992) : en Espagne (II, art. 7).
Au nombre des institutions promouvant le chaoui, son enseignement et sa pratique aujourd’hui, on compte l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM, Maroc) et le Haut Commissariat de l’amazighité (HCA, Algérie).
Raphaël Deuff
Nom français : chaoui
Autonyme : tacawit
Nom anglais : Chaouia of the Aures (Chaouia, Chawi, Shawia, Shawiya, Tacawit)
Statut : langue vivante minoritaire
Territoires d’implantation : Algérie du massif de l’Aurès
Systèmes d’écriture : alphabet berbère latin (transcription), alphabet berbère
Famille linguistique : langues chamito-sémitiques
Typologie linguistique : SVO/VSO
Notices d’autorité et bibliographiques : tach1249 (Glottolog.org), shy (ISO 639-3). Parent : zena1250 (Glottolog.org)
Portail : Institut royal de la culture amazighe (IRCAM, Maroc) (ircam.ma)
Portail : Haut Commissariat de l’amazighité (HCA, Algérie) (hcamazighite.dz)
Ressource : Chaouia of the Aures – shy (iso639-3.sil.org)
Ressource : Chaouia of the Aures – tach1249 (glottolog.org)
Ressource : Zenatic – zena1250 (glottolog.org)
Ressource : OLAC resources in and about the Tachawit language (language-archives.org)
Ressources bibliographiques
Bernard Cerquiglini, Les Langues de France. Rapport au ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie et à la ministre de la Culture et de la Communication, 1er avril 1999. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Christos Clairis, Denis Costaouec et Jean-Baptiste Coyos (dir.), Langues et cultures régionales de France, Paris, L’Harmattan, 2000.
Henri Giordan (dir.), Les minorités en Europe. Droits linguistiques et droits de l’homme, Paris, Kimé, 1992. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Henri Giordan, Démocratie culturelle et droit à la différence. Rapport présenté à Jack Lang, ministre de la Culture, Paris, La Documentation française, 1982. Notice en ligne (catalogue.bnf.fr).
Henri Giordan et al., « Les langues de France », Tribune internationale des langues vivantes, Paris, 2000.
Wolfgang Jenniges (éd.), Select Bibliography on minority languages in the European Union / Bibliographie sélective des langues minoritaires de l’Union européenne, Bruxelles, Bureau européen pour les langues moins répandues, 1997. Notice en ligne (europeansources.info).
Benoît Paumier et al., Redéfinir une politique publique en faveur des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, rapport présenté à la ministre de la Culture et de la Communication, 17 juillet 2013. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Bernard Poignant, Langues et cultures régionales. Rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française, 1998. Lire en ligne (vie-publique.fr).
Jean Sibille, Les Langues régionales, Paris, Flammarion, coll. « Dominos », 2000.
Geneviève Vermès (dir.), Vingt-cinq communautés linguistiques de la France (2 vol.), Paris, L’Harmattan, 1988. Compte-rendu en ligne (persee.fr).
Texte de référence : Constitution du 4 octobre 1958 (legifrance.gouv.fr), art. 2 et 75-1
Enseignement
Texte de référence : Code de l’éducation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-1, L. 121-3, L. 123-6, L. 312-10 et L. 312-11
Texte de référence : Code rural (legifrance.gouv.fr), art. L. 811-5, L. 813-2 et R. 811-129
Texte de référence : Code de la consommation (legifrance.gouv.fr), art. L. 121-33
Médias et sphère publique
Texte de référence : Loi no 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française (legifrance.gouv.fr), dite « loi Toubon »
Entités nommées fréquentes : Aurès, Le, France, Code, Europe, Algérie, Chaouia, Aures, Paris, Giordan, Culture, Constitution.
Arts | Le 8 janvier 2025, par Sambuc éditeur.
Arts | Le 7 janvier 2025, par Sambuc éditeur.
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