Littérature | Le 6 décembre 2021, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : cinq minutes.
littérature & sciences humaines
Littérature | Le 6 décembre 2021, par Sambuc éditeur. Temps de lecture : cinq minutes.
Origine et histoire
La poésie dite préislamique constitue la majeure partie de la production littéraire en langue arabe avant l’avènement de l’islam, au milieu du viie siècle. Parfois nommée péjorativement « jahîlite » (par référence à la Jâhiliyya, « période de l’ignorance » méprisée des théologiens), elle correspond à un âge d’or de la langue arabe, qui irrigue l’ensemble des productions littéraires ultérieures.
L’avènement du Coran a mis en marche un processus auquel il faudra près de deux siècles pour aboutir : la formation d’une culture arabe unifiée. L’unification sociale et politique nécessaire à l’Islam passait par l’usage d’une langue commune. Or, l’arabe formait, au viie siècle, un ensemble complexe de langues sémitiques réparties sur l’ensemble de la péninsule, aux pratiques grammaticales variées, au lexique divers et à l’orthographe imprécise. C’est la poésie, formant la très grande majorité des œuvres littéraires des cultures bédouines, qui servira de référence à la constitution d’une réflexion linguistique pour aboutir à l’arabe classique.
Les œuvres poétiques préislamiques sont essentiellement orales : elles commencèrent d’être recueillies aux viie et viiie siècles, par des érudits (philologues, grammairiens, poètes : Al-Muffadal, al-Ǧumaẖī, Ibn Qutayba…) qui les compilèrent ou s’en inspirèrent, parfois pour forger de véritables apocryphes. Mêlées de corrections et de récritures, il est ainsi parfois difficile de démêler l’authenticité réelle des poésies arabes qu’on décrit comme préislamiques.
Nous savons très peu du style de la poésie arabe pratiquée avant le début du sixième siècle, où elle connaît déjà une forme sophistiquée et codifiée. Les exemples connus des premières années du vie siècle montrent déjà une poésie mature et développée, avec des techniques métriques et des rimes sophistiquées, des thèmes communs et des styles et motifs favoris.
Après une période de création et de transmission orale de la poésie, la littérature poétique arabe connaît une première fixation, très partielle, à l’époque du califat omeyyade (661–750) : les œuvres sont arrangées ou récrites, rassemblées en livres apocryphes, etc. Les siècles suivants de l’hégire changeront progressivement le regard porté à ces œuvres anciennes : au cours des siècles suivants, grammairiens, philologues et lexicographes feront de la poésie l’art littéraire par excellence, et transmettront la poésie préislamique comme l’expression originale du génie linguistique arabe. D’œuvres récrites et mêlées à des créations postérieures, la poésie arabe ancienne devient la source de la littérature classique, à travers de grands modèles comme les Mu’allaqāt (« les Suspendues »).
Sambuc éditeur
Retrouvez des œuvres de poésie arabe des premiers siècles au sein de la revue littéraire L’Eau-forte :
— Ivresse bucolique (no 4) : « Les Poètes buveurs », par Nicolas Perron.
Politique et institutions | Le 14 novembre 2024, par Urbanitas.fr.
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