Un conte drôle et ironique, par l’auteur du roman L’Assommoir. L’édition est accompagnée de la dernière version de ce conte, intitulée « Le Paradis des chats ».
L’échine maigre, le poil boueux, ils filent parfois le long des maisons, honteux et affamés ; parfois, quand ils ont découvert une pelletée d’os dans un tas d’ordures, ils se vautrent au soleil, le ventre réjoui par les rayons tièdes ; le museau allongé et frémissant d’aise.
La Journée d’un chien errant.
Publiée la première fois en 1866, reprise et transformée, cette petite « chronique » amusante d’Émile Zola fait partie du recueil des Nouveaux Contes à Ninon, publié en 1874. Toutefois, dans ce dernier recueil, le « vieil épagneul », héros canin de la Journée d’un chien errant, est devenu un chat.
Nous publions en miroir les deux versions de ce récit bref et drôle, où Zola trace avec ironie une parabole du confort apathique de la France du Second Empire.
La préface, d’Armand Guillaumond, revient aussi sur le statut des chiens errants dans les villes à la fin du xixe siècle.
Vous savez combien votre grand-oncle
m’aimait. J’avais, dans un grand placard,
toute une petite chambre, et une triple
couverture étendue sur le sol faisait de ce
réduit le lit le plus moelleux qu’on puisse
imaginer. La nourriture valait le coucher ;
jamais de pain, jamais de soupe, rien que
de la viande, de la bonne viande saignante.
Quant au sucre, vous n’ignorez pas que je
ne l’aime plus ; j’en ai trop mangé dans ma
jeunesse.
Zola, La Journée d’un chien errant
La menace qui pèse
sur les bêtes sauvages ou échappées – et
que le droit d’alors appelait
« épaves » – et peuplant les cités est bien
réelle ; mais, évolution importante, ce massacre d’animaux tend à se faire plus discret,
les chiens, par exemple, étant prélevés dans
les rues pour être pendus, ou progressivement asphyxiés, à l’écart des lieux de vie.
Armand Guillaumond
L’auteur : Émile Zola
Indissociable de l’école romanesque du naturalisme, dont il devient le chef de file après le large succès de L’Assomoir, Émile Zola (1840-1902) est l’auteur d’une œuvre ample et nourrie de réel, qui projette de peindre avec une rigueur scientifique le quotidien et les mœurs sociales de son époque.